- BELLADONE
- BELLADONEBELLADONEDe la famille des solanacées, la belladone (Atropa belladona ) est une plante annuelle, vivace, pouvant atteindre un mètre de hauteur. On en utilise les feuilles, cueillies au moment de la floraison car la teneur en principes actifs y est la plus forte, ainsi que la racine, ramassée en automne pour les mêmes raisons. Ses principes actifs étant des alcaloïdes très toxiques, les principales pharmacopées l’ont classée au tableau A. Elle est peu abondante à l’état sauvage en France, mais elle y est cultivée pour les besoins de l’industrie pharmaceutique; on la cultive aussi en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis.Du point de vue chimique, en dehors des substances banales communes aux plantes d’une même famille, la belladone contient plusieurs alcaloïdes dont les plus importants sont l’hyoscyamine, l’atropine et la scopolamine.L’hyoscyamine, ester du tropanol et de l’acide tropique gauche, est lévogyre; elle s’isomérise assez facilement en atropine, dénuée de tout pouvoir rotatoire.L’atropine est extraite de la plante dès la récolte: on dessèche les racines et on les broie très finement, on place le broyat dans un bac en bois en contact avec du carbonate de sodium, on épuise ensuite avec de l’éther dans un appareil spécialisé, enfin on lave avec de l’eau et on essore. Il est cependant nécessaire de racémiser (c’est-à-dire de rendre optiquement inactif), par le chloroforme et l’acétone, l’hyoscyamine qui aurait eu tendance à se former.L’hyoscyamine et l’atropine possèdent des propriétés parasympatholytiques. L’action la plus caractéristique de l’hyoscyamine est l’intense dilatation de la pupille (mydriase) qu’elle provoque, d’où son usage pour les examens ophtalmologiques du fond de l’œil. Elle diminue aussi les différentes sécrétions, comme la sueur et la salive, et le tonus intestinal. L’atropine a les mêmes actions pharmacologiques, mais elle est deux fois moins active. On la prescrit contre les crises d’épilepsie et contre les douleurs stomacales; le sulfate d’atropine est aussi très employé en pathologie cardio-vasculaire.• 1602; lat. bot. belladona, p.-ê. de l'it. bella donna « belle dame »♦ Plante toxique (solanacées) à baies noires, contenant un alcaloïde, l'atropine, utilisé en médecine.Synonymes :belladonen. f. Plante annuelle (Fam. solanacées) à grande tige rougeâtre, à fleurs pourpres, à baies noires, qui contient divers alcaloïdes très toxiques, notam. l'atropine.⇒BELLADONE, subst. fém.A.— BOT. Plante vivace de la famille des solanées dont toutes les parties contiennent un poison violent dont les propriétés sont celles de l'atropine. Baie, feuille, racine de belladone :• 1. Sais-tu ce que c'est que la belladone?— Mais, dit Rocambole, c'est une plante vénéneuse, il me semble.— La belladone n'empoisonne pas, mais elle rend fou. Une folie momentanée, il est vrai, et que des soins assidus finissent par guérir.PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 423.B.— P. méton. Suc extrait des feuilles de cette plante :• 2. Dimanche 13 avril. Liphart, en faisant mon portrait, m'apprend qu'il y a des femmes russes qui prennent de la belladone pour s'agrandir la pupille et donner à leurs regards de l'étrangeté et du brillant.E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1879, p. 16.— Spéc. MÉD. Alcaloïde employé comme modérateur des sécrétions, modificateur du système nerveux, de la sensibilité, comme tonique vaso-moteur, narcotique, antispasmodique :• 3. Une nuit agitée et cruelle. — Est-ce donc que je serais obligé de reprendre de l'opium et de la belladone comme l'année dernière à pareille époque pour me procurer un peu de sommeil?BARBEY D'AUREVILLY, 2e Memorandum, 1838, p. 355.• 4. ... les douleurs d'adhérences ont notablement décru et voici plusieurs nuits que j'ai pu m'abstenir de belladone : ...DU BOS, Journal, 1925, p. 317.♦ Cigarette de belladone. Cigarette antiasthmatique. Fumer de la belladone.Prononc. et Orth. :[
(l)
]. PASSY 1914 et WARN. 1968 transcrivent le mot par [ll] géminées (cf. aussi LAND. 1834, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG). BARBEAU-RODHE 1930 et Pt Lar. 1968 transcrivent [l] simple. Pt ROB. donne d'une part la possibilité de prononcer [l] et [e] fermé d'autre part de prononcer [ll] et [
] ouvert à la 1re syll. Ac. 1798 enregistre bella-dona ou belle-dame; Ac. 1835 bella-dona ou plus ordinairement balladone; Ac. 1878 et 1932 belladone en soulignant : ,,on la nomme aussi belle-dame``. Cf. aussi BESCH. 1845 qui donne parallèlement belladone, belladona ou belle-dame; Lar. 20e note s.v. belladone : ,,on l'appelle aussi belle-dame, morelle furieuse``; ROB. note s.v. belladone : ,,appelée vulgairement belle-dame``. Le reste des dict. emploie la vedette belladone (Lar. 19e et Nouv. Lar. ill. signalent : ,,on écrit aussi belladone``) et c'est s.v. belle-dame (terme d'entomol.) que la majorité d'entre eux ajoute : nom vulgaire de la belladone et de l'arroche des jardins. Étymol. et Hist. I. XVe s. bladone bot. « molène » (Le Grant Herbier, n° 475, Camus dans GDF. Compl. : Tapsus barbatus, tapse barbé ... Aucuns l'appellent queue de leu; l'en l'appelle flosmon et bladone). II. 1602 belladonna « espèce de solanée vénéneuse » (A. COLIN, Hist. des drogues, trad. de l'Escluse, 540 [Lyon] dans QUEM. : L'autre espèce de Nicotiane à [sic] les feuilles un peu plus petites, ressemblant fort au Solane, qu'on appelle communement Belladonna). I adaptation du lat. médiév. bladon(n)a, bot. « Verbascum Thapsus L.; molène commune » peut-être l'orig. gaul. (Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 40, p. 136), la forme bladonna est attestée aux VIIIe-XIe s. (Glossae latino theodiscae, III, 105, 1, ibid., 1501, 2). II empr. à l'ital. belladonna (KOHLM, p. 32) attesté comme terme de bot. dep. av. 1577 (P. Mattioli [1500-1577] 2, 1131 dans BATT.), peut-être de même orig. que I, c.-à-d. adaptation du gaul. (DEVOTO; MIGL.-DURO; DEVOTO-OLI) passé des dial. alpins qui maintiennent le groupe bl-, dans les dial. du Nord qui l'évitent et ont ainsi créé la forme beladona adaptée par voie pop. en toscan en bella donna, littéralement « belle dame » peut-être en raison de l'espèce de fard que les Ital. en tiraient autrefois [La forme belladone ne se trouve pas dans la 1re éd. du Dict. des drogues simples, 1698 (3e éd. 1733) de Nicolas Lemery comme l'indique le Lar. Lang. Fr., cf. Tolmer (ds Fr. mod., t. 14, p. 295) qui relève dans l'ouvrage de Lemery la forme belladona et non belladone; cf. aussi Trév. 1752, s.v. belle-dame, v. ce mot]. Fréq. abs. littér. :47.
DÉR. Belladoné, ée, adj., méd. Qui contient de la belladone. Pommades, suppositoires belladonés; préparation belladonée. Attesté dans Nouv. Lar. ill., Lar. 20e. — Lar. 19e Suppl. admet belladoné ou belladonné (cf. aussi Nouv. Lar. ill.). Lar. 20e enregistre uniquement la forme belladoné. — 1re attest. 1872 (Lar. 19e Suppl.); dér. de belladone; suff. -é.BBG. — ARVEILLER (R.). Sur l'orig. de qq. mots fr. R. Ling. rom. 1964, t. 28, pp. 308-313. — COLONNA (P.). Au jardin des plantes. Vie Lang. 1952, p. 372. — HOPE 1971, p. 356. — QUEM. 2e s. t. 1 1970, p. 7 [Cr. ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1971, t. 35, p. 215]. — QUILLET Méd. 1965.ÉTYM. 1602, lat. bot. belladona; p.-ê. de l'ital. bella donna « belle dame » en raison d'une sorte de fard que les Italiens retiraient de la plante.❖1 Bot. et cour. Plante dicotylédone (Solanacées) vénéneuse, à baies noires, appelée aussi belle-dame. || Feuille, racine, tige de belladone. || La belladone renferme un alcaloïde utilisé en médecine, en particulier pour le traitement de troubles du système nerveux. ⇒ Atropine. || Belladone commune (Atropa belladona).1 (…) l'ellébore noir qui rend fou (…) les trompettes de la mort dont les cornets putrescents quoique comestibles annoncent la proximité d'une charogne, la belladone qui tarit la sueur et dilate les pupilles (…)M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 210.➪ tableau Noms de plantes médicinales.2 Cour. Extrait de belladone; alcaloïde extrait de la plante. ⇒ Belladonine.2 Le contrepoison de la belladone et de l'atropine est le tanin et les corps qui en contiennent, ou encore la fève de Calabar.P. Poiré, Dict. des sciences.❖DÉR. Belladoné, belladonine.
Encyclopédie Universelle. 2012.